06.12.2023

La communication comme solution pour mobiliser pour l'environnement, un défi possible?

 

Lausanne, 30 novembre – La conférence de Thierry Libaert, expert reconnu en communication et auteur du célèbre "Le Plan Com", a captivé l'audience du public réuni pour l’occasion. Son intervention a porté sur un enjeu majeur: utiliser la communication pour changer les attitudes envers l'environnement.

Thierry Libaert, auteur prolifique dont le dernier ouvrage "Des vents porteurs" a remporté le prix de l'environnement 2021, a partagé son expertise scientifique sur l'impact de la communication dans la lutte environnementale. Il a rappelé qu’en 2007, il avait été choisi pour réfléchir à la feuille de route environnementale en France sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a également collaboré avec le GIEC. 

L'accent de sa présentation a été mis sur un constat alarmant: bien que les problèmes environnementaux soient connus depuis des décennies, comme en témoignent divers rapports et ouvrages depuis les années 1950, nous sommes toujours au point mort en termes d'actions concrètes.

Thierry Libert fait un triste constat: celui de la tendance humaine à ignorer les signaux d'alarme environnementaux. Tout en se questionnant sur le rôle que la communication peut jouer dans ce contexte. Malgré une sensibilisation croissante et une compréhension publique des enjeux, il existe un décalage entre la prise de conscience et l'action effective.

La plupart des messages qu’on reçoit sont trop techniques, alarmistes, distants. Et on sait que ce type de messages ne marchent pas. Il faut modifier la com.”

L'un des points saillants de sa conférence a été l'analyse des erreurs courantes dans la communication environnementale: la fausse idée que l'information seule suffit à changer les comportements, et la contradiction entre la sensibilisation et les actions concrètes des individus.

“Le discours de la peur est totalement inefficace. C’est scientifique.”

Travailler sur la sémantique

Pour une communication plus efficace, il semblerait qu’il est urgent de revoir notre sémantique environnementale, en insistant sur des termes plus impactants et une narration qui inspire l'action plutôt que la peur. Il a évoqué le rôle des médias et la nécessité, selon lui, de relier la cause environnementale à des aspects plus larges. Selon Thierry Libaert, le climat ne devrait pas être traité comme un problème environnemental, mais économique, de santé public, sociétal, voire militaire… Alors qu’en le mettant dans une rubrique “Environnement”, on en fait un problème d’écolos.

La publicité, qui nous immerge dans un imaginaire du bonheur par la consommation, a un rôle fondamental dans les luttes environnementales. Libaert a également critiqué l'efficacité des influenceurs dans la sensibilisation environnementale, soulignant leur manque de crédibilité dû à des modes de vie souvent non exemplaires.

Bien entendu, la question du greenwashing a été abordée dans cette conférence. Pour contrer ce phénomène, il a appelé à une réflexion plus profonde, sur la stratégie et les objectifs à long terme des communicants, mentionnant le concept de "SLOW PR" comme une piste à explorer, tout comme la communication responsable. Il faudrait peut-être ressortir les bons vieux “plans com” des tiroirs?

Ce rendez-vous a été un moment d'échange passionnant pour les pros de la communication qui se sentent concernés et responsable d’influencer les changement de comportements dans la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de l’environnement.


Texte: Magali Di Marco
Photos: Philippe Gétaz

 

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