Le numérique responsable: mot-valise ou voyage vers les enjeux de demain? Petit condensé du Sustainable IT day – 28 mai 2024
« Implémenter une stratégie numérique responsable était un choix. Plus maintenant ». S’il y a bien une phrase-clé à retenir du Sustainable IT day qui s’est tenu le 28 mai dernier, c’est celle-ci. Le comité de la SRRP, attentif aux enjeux sociétaux, a participé à cette belle et dense journée de partage de connaissances sur une thématique intangible aux effets si concrets: le numérique responsable.
Créé par le Swiss Institute for Sustainable IT, c’était la première fois que cette thématique faisait l’objet d’une journée dédiée à destination des organisations suisses. Au programme : six conférences, quatre ateliers, la participation d’expert·es venant autant de la recherche que de l’IT en passant par le conseil ou les acteurs publics. Une journée qui sentait bon les neurones et processeurs qui chauffent! Cécile Gruet et Magali Di Marco ont participé à cette journée studieuse et riche en enseignements.
Et que l’on a voulu vous restituer sous un format pratico-pratique. D’abord, des constats. Et en face, des pistes de solutions mises en avant par ces expert·es !
Le numérique responsable, késako ?
« L’ensemble des actions susceptibles de réduire l’impact environnemental et sociétal du numérique. » Voilà comment le numérique responsable pourrait être défini en une ligne. Si l’on creuse, on voit qu’il comprend en fait une double dimension:
- Les mesures écoresponsables permettant d’améliorer l’empreinte environnementale, sociale et économique des équipements numériques (c’est ce que l’on appelle le Green IT),
- L’ensemble des initiatives informatiques diminuant l’impact du numérique (aussi appelé l’IT for Green).
Et à l’échelle des organisations, Ivan Mariblanca Flinch de l’entreprise MIKUJY l’a joliment défini comme « un alignement des stratégies informatique, durabilité, financière et sociétale de la structure ».
Alors, comment réduire l’’empreinte du numérique et comment créer de la valeur durable ?
???? La fabrication des équipements: un poids lourd
Le numérique, loin d’être dématérialisé, impacte l’environnement tout au long de son cycle de vie, depuis l’extraction des matériaux jusqu’à sa fin de vie. Un petit détour par les données nous apprend que 80% de l’empreinte du numérique est due à la fabrication des terminaux numériques, c'est-à-dire nos équipements. Extraction de roches (qui nécessite énormément d’eau), de minéraux, de métaux et terres rares (dont certains sont déjà à l’état d’épuisement et consommation d’énergie primaire, acheminement des matières premières dans des pays d’Asie du Sud-Est ou d’Afrique, … Ce qui pèse le plus, c’est la fabrication de tous ces devices (en moyenne 8-10 par personne!) que nous utilisons au quotidien que nous laissons, au mieux, dormir dans nos tiroirs, au pire, qui finissent à la poubelle. Moins de 10% des appareils sont aujourd’hui correctement recyclés.
Pistes de solutions :
- En amont des achats, s’interroger sur le type d’équipements à privilégier en fonction de leur réparabilité
- Une fois nos appareils cassés, les apporter dans des centres de gestion des déchets adaptés
- Au niveau des organisations, impliquer les services des achats dans la conception de contrats de leasing impliquant un renouvellement le plus tardif possible des équipements, une réduction du nombre d’écrans s’il y a des volontaires
- Et offrir une deuxième vie aux équipements dans des associations par exemple.
????️♂️… Et les usages alourdissent la balance
Lorsque l’on pense numérique, on pense réseaux, data, équipements, … Mais il s’agit d’élargir la manière de considérer le numérique, les usages doivent être intégrés. Dans son atelier « Créer votre feuille de route numérique responsable », Ivan (fondateur de Mikujy) explique que la technologie sera aussi verte que ce que nous en faisons. Elle est responsable si nos usages le sont.
Pistes de solutions :
- Se former à l’éco-conception des canaux de communication. Des outils gratuits existent et permettent de situer le niveau d’éco-conception de son site web comme:
- GR491, le guide de référence de conception responsable de services numériques par l’Institut du numérique responsable ;
- Yellow Lab tools. Sont passés sous le radar le poids des pages, le poids des fonts et des images, la palette de couleurs utilisées, leur contraste pour faciliter la lisibilité des messages pour des personnes malvoyantes…
- Faire appel à des prestataires concevant des sites web écoresponsables, comme Empica à Genève, voient le jour.
- Inciter son organisation à créer sa feuille de route numérique responsable.
La tâche semble dure quand les voix s’élèvent pour crier à la complexité, au manque de temps, de ressources, d’intérêts stratégiques, … Et pourtant, de plus en plus inscrit dans les appels d’offres publics, de plus en plus attendu par les parties prenantes externes, le numérique responsable est une manière de se différencier de la concurrence, de rendre ses équipes fières et de répondre aux prérequis de lendemains très proches.
Comment avancer ?
En listant les séquences, le label Numérique responsable permet de structurer la démarche : formaliser l’engagement de la direction, réaliser un bilan environnemental de son système d’information, définir des indicateurs, créer un comité de suivi pluridisciplinaire, … Il s’agit d’y aller étape par étape ! Des agences de conseil permettent aussi d’être accompagné-es de A à Z sur ce chemin vers des horizons plus verts.
Conclusion
Se lancer dans une démarche Numérique responsable nécessite un temps d’appropriation. Cela dit, cela répond à une demande croissante d’action, dans le secteur privé et dans le secteur public, par les équipes dédiées aux sujets environnementaux, par les équipes informatiques elles-mêmes, et par les utilisateurs des outils qui se soucient de leurs impacts environnementaux.
A un moment où les IA fleurissent, avec leurs lots démesurés de consommations énergétiques, favoriser une empreinte positive du numérique est une question structurante.
Et un chemin passionnant, impliquant tous les départements des organisations!
En savoir plus: https://sustainableitday.org/
Texte: Cécile Gruet